ALTER-BÂTIR accompagne les porteurs de projets d’entreprises coopératives dans les métiers du bâtiment et de la construction écologique

Interview de Laura LAZZARO, chargée de communication de la coopérative, répond aux questions de la rédaction.
Alter-Bâtir est une « CAE » basée à Paris. En quoi consiste l’activité d’une coopérative d’Activités et d’Emploi ?
Une coopérative d’Activités et d’Emploi est une structure qui propose à quiconque souhaite vivre d’un savoir-faire de façon autonome, de créer progressivement son propre emploi salarié au sein d’une entreprise coopérative qu’il partage avec d’autres entrepreneurs. Le cadre entrepreneurial de la CAE permet de tester, développer et pérenniser une activité économique, en sécurisant sa démarche, et en bénéficiant d’un accompagnement dans la durée, pour « apprendre en faisant » le métier d’entrepreneur. Outil de développement local et d’innovation sociale, la Coopérative d’Activités et d’Emploi promeut l’idée d’entrepreneuriat collectif et coopératif comme alternative à l’entreprise classique.
Qui est l’initiateur de cette coopérative et quelles ont été ses motivations pour se lancer dans un tel projet coopératif ?
Régis FAGUELIN, ex-collaborateur d’architecte, a rencontré le concept de SCOP en 1998 sur un stand qu’il tenait au Salon Marjolaine. Cette rencontre l’a convaincu de vouloir monter lui-même une SCOP.
Juste après le premier Salon Bâtir écologique à Paris, il a monté l’Association des Amis de la SCOP pour accompagner la création d’une future coopérative. Ce projet s’orientait peu à peu vers la vente de produits naturels et sains destinés à l’éco-construction.
En 2005, un concours de circonstances l’a mis en relation avec Coopaname, la première CAE généraliste en Ile-de-France. L’idée était lancée de créer une CAE en Bâtiment, ce qui fut fait en août 2006.
Quelles sont les principales différences entre un entrepreneur-salarié d’une CAE et un entrepreneur indépendant ?
Un entrepreneur-salarié est accompagné par l’équipe permanente de la coopérative et par ses propres collègues. Alors qu’un entrepreneur indépendant se retrouve seul pour découvrir par lui-même tous les problèmes administratifs, juridiques, fiscaux, sociaux. Ca peut entamer l’énergie qui lui est nécessaire pour réaliser le cœur de son métier.
Un entrepreneur-salarié bénéficie également des différents avantages propres au statut salarié, dont une couverture sociale très complète.
De plus, être entrepreneur-salarié garantit une protection juridique par la mutualisation des assurances responsabilité civile et décennale moyennant le paiement d’un faible pourcentage de son chiffre d’affaires. Alors qu’un entrepreneur indépendant devra prendre une assurance comprenant un forfait minimum relativement élevé.
L’entrepreneur-salarié est également protégé contre la faillite car en cas de chute de son activité, une sortie de la coopérative peut être mise en place. Celui-ci recouvre alors ses droits sociaux.
Photo prise à l’automne 2009 sur un chantier de rénovation situé à St-Ouen : isolation et Fermacell de la toiture et des murs d’un ancien atelier en structure bois et briques datant du début du 20ème siècle. La couverture en tuiles mécaniques a été rénovée par un couvreur extérieur à Alter-Bâtir. Heak Thik et Eric Guillot (Entrepreneurs-salariés chez Alter-Bâtir) ont isolé en fibre de bois la toiture et les murs. Ils ont ensuite placé un frein-vapeur et une contre-cloison en Fermacell, toujours sur murs et plafond. Sur la photographie, la partie blanche représente le pare-pluie placé sur les chevrons. Eric Guillot est en train de poser la 1ère couche d’isolant fibre bois densité 55 kg/m3 entre les chevrons. Les suspentes métalliques visibles et fixées sur les chevrons servent à recevoir les rails métalliques qui retiennent la 2ème couche d’isolant, le frein-vapeur et les plaques de gypse-cellulose Fermacell.
Votre coopérative regroupe des entrepreneurs-salariés spécialisés en écoconstruction. Pourquoi cette spécialisation sectorielle ?
Le secteur du bâtiment représente plus de 24% des émissions de CO2 et 44% de la consommation d’énergie finale en France. C’est la raison pour laquelle nous trouvons très important d’accompagner des entrepreneurs-salariés dans la construction écologique.
La plupart des entrepreneurs-salariés sont fortement incités à appliquer des matériaux naturels, sains et non toxiques. Cela est moins dangereux pour le poseur mais également plus sain pour les Clients et l’environnement. Nos maîtres mots sont « la sécurité et la santé de tous ».
Quels sont les exemples d’activités et de nouveaux services développés par vos entrepreneurs-salariés ?
• Un électricien se spécialise dans les installations électriques sans champs électro-magnétique.
• Deux charpentiers construisent des extensions de maison en ossature bois et utilisent des isolations naturelles telles que la fibre de bois et la laine de chanvre.
• Un enduiseur pratique les ravalements d’isolation par l’extérieur.
• Deux maçons pratiquent la maçonnerie du bâti ancien et les enduits terre.
• Un entrepreneur-salarié applique la ouate de cellulose à l’aide de son propre appareil.
• Deux personnes travaillent sur la végétalisation du bâti et des friches pour faire du maraîchage local.
• Plusieurs peintres appliquent des enduits et des peintures à la chaux.
• Plusieurs ingénieurs thermiciens pratiquent toutes les études liées à la profession, en accord avec les nouvelles réglementations thermiques.
Avez-vous identifié des compétences particulièrement recherchées et qui ont le vent en poupe dans la construction écologique ?
La maison à ossature bois isolée en matériaux naturels, l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) en matériaux naturels, la maison en paille, la rénovation avec des produits sains (peintures naturelles, isolations thermiques naturelles, linoleum).
Laura LAZZARO – alterbatir.fr
Propos recueillis le 29 avril 2013 par J. Valina